VICO ACITILLO 124 - POETRY WAVE
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Sans passion il n'y a pas d'art

Calamus
Poesie dei giorni dispari
 
9 febbraio 2003



Femme nue, femme noire
Léopold Sédar Senghor

 
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta
forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de
tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut
d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur,
comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres
extases du vin noir, bouche qui fais 
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui
frémis aux caresses ferventes du 
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui
gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant
spirituel de l'Aimée 

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme
aux flancs de l'athlète, aux 
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles
sont étoiles sur la nuit de ta 
peau. 

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets
de l'or ronge ta peau qui se moire 

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon
angoisse aux soleils prochains 

de tes yeux. 

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme
que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise
en cendres pour nourrir les 
racines de la vie. 


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